Rhabdomyolyse : existe-t-elle vraiment ? Peut-on l’éviter ?
juin 29, 2021Chaque discipline a ses propres fantômes.
Êtes-vous des haltérophiles ? Votre fantôme a la forme des vertèbres L4 et L5. Strongman ? Avez-vous une idée de ce que signifie faire tomber une pierre de l’Atlas sur votre pied ? Bodybuilder ? Ouvrez le frigo, et il n’y a plus de poitrines de poulet et de brocoli.
Dur, les gars, dur.
Et les crossfitters ?
Il y a une rhabdomyolyse.
Mauvais goût et tradition
Oui, la tradition. Le spectre de la rhabdomyolyse erre de case en case depuis la nuit des temps (du CrossFit ®).
Depuis que l’association CrossFit ®- est devenue la rhabdomyolyse – comment dire ? – Publique. A tel point que même l’excellent Greg Glassmann (paix à son âme) a eu son mot à dire, encore en 2005 : en admettant d’abord sur journal.crossfit.com les 5 cas de la maladie chez les athlètes CrossFit ® (tous hospitalisé), puis présentant le personnage de l’Oncle Rhabdo , un clown musclé et pompé attaché à l’appareil d’hémodialyse.
La camaraderie ou la sous-estimation du risque ?
La science de la rhabdomyolyse
Imaginez vos précieux muscles : ceux que vous mettez dans le proverbial « sang, sueur et larmes » pour les faire grandir.
[une vidéo en noir et blanc démarre, accompagnée de la musique onirique de quand tu repenses à une histoire d’amour : tu fais des boucles d’haltères, tu fléchis devant le grand miroir du dressing, tu embrasses ton biceps droit ]
Ici. Imaginez maintenant que vos muscles sont si fatigués qu’ils s’effondrent, et que les cellules déversent leur contenu dans la circulation sanguine (quelle horreur).
C’est de la rhabdomyolyse d’effort (il y a aussi la rhabdomyolyse traumatique, mais on s’en fout maintenant).
La faute en est une activité physique intense prolongée et les dommages musculaires qui en découlent. Un catabolisme excessif dans les cellules musculaires provoque la libération de myoglobine, de créatinine, de potassium, de calcium et d’acide urique dans le sang, provoquant une acidose. La myoglobine est également toxique et provoque une insuffisance rénale .
Les conséquences sont néfastes (et douloureuses) , avec notamment en plus de l’épuisement physique, la possibilité de la formation de micro-caillots de sang autour.
En bref : la rhabdomyolyse est causée par la fin des ressources métaboliques, c’est-à-dire par un stress métabolique extrême, qui conduit à l’apoptose des cellules – leur mort. Le corps n’a plus les ressources pour compenser la fatigue , et ça se détraque.
Symptômes :
- Urine brun-rouge
- Épuisement et fatigue
- Vomissements
- Inflammation musculaire et articulaire
- Gonflement des mains ou des pieds
- Faiblesse et vertiges
- Palpitations
Un beau bordel, en somme. Des tests (CPK-créatine phosphokinase, myoglobine, potassium et créatinine) permettent de le diagnostiquer.
Pour s’en sortir ? Cela dépend de la gravité, allant de la réhydratation intraveineuse à l’hémodialyse.
Rhabdomyolyse : vrai risque ou légende ?
Avouons-le : la rhabdomyolyse est une maladie rare , qui semble n’affecter que les sportifs d’élite (ceux qui s’entraînent 8 à 10 fois par semaine).
En gros, les étapes pour éviter de prendre le risque sont très simples :
- s’entraîner selon nos possibilités, en pratiquant des WODs qui doivent être calibrés en fonction de notre corps
- s’hydrater correctement, peut-être en prenant des sels minéraux avant, pendant et après le WOD
- méfiez-vous des conditions extrêmes (telles que la chaleur estivale extrême)
- récupération, récupération, récupération : après les séances d’entraînement, mais aussi après les blessures
- écouter les signaux du corps : si on est dans la box plusieurs jours de suite avec la motivation qui manque, l’énergie sous les talons et un sentiment général d’épuisement, essayons pour grimper le WOD, ou pour diversifier son entraînement en faisant des activités plus légères
Ensuite, si vous avez fait de la musculation ou de la dynamophilie, on peut aussi dire que la rhabdomyolyse est un peu comme l’infâme surentraînement : existe, si ça vous arrive c’est la pagaille, mais parce que ça arrive il faut vraiment lui donner beaucoup, beaucoup, beaucoup.
En général, plus qu’on ne peut même l’imaginer.
(bien que, pour mémoire, certaines statistiques indiquent que par rapport au poste de Glassmann en 2005, les cas de rhabdomyolyse ont augmenté d’au moins 20 fois. Plus de fatigue en circulation, et simplement plus de sensibilisation, et donc plus penser à un diagnostic médical?)